Insémination : moment
On le sait : l’œstrus est un « diagnostic » et l’insémination un « traitement ». L’acceptation du chevauchement ou monte passive demeure le signe le plus caractéristique d’un oestrus et donc de l’apparition d’une ovulation. Il est vrai cependant qu’un oestrus peut ne pas s’accompagner d’ovulation. C’est le plus souvent le cas lors de stress thermique. A l’inverse, 50 à 94 % des premières ovulations du postpartum ne sont pas précédées d’un oestrus.
La durée moyenne d’un oestrus est de 14 heures et comprise entre 8 et 20 heures, variable donc selon divers facteurs inhérents à la vache (âge, production laitère, état corporel…) ou à son environnement (stress termique, nature des sols…) mais aussi à la méthode de détection à savoir l’observation visuelle ou l’enregistrement automatique au moyen de divers capteurs de l’activité, de la rumination ou encore de l’ingestion alimentaire.
Plus longue est la durée et l’intensité de l’oestrus et meilleures sont les chances de gestation.
Intervalle entre le début ou la fin de l’oestrus et l’ovulation
Respectivement compris entre 25,7 et 30,6 heures et entre 15,3 et 21 heures selon les études. Ces écarts dépendent de la méthode de détection de l’oestrus. Elles sont également influencées par la présence d’une infection mammaire ou utérine, les lipopolysaccharides pouvant augmenter cet intervalle.
Ne l’oublions pas : il faut 6 à 8 heures pour que les spermatozoïdes remontent dans l’oviducte. Ils gardent leur capacité à féconder l’ovocyte durant 24 heures. L’ovocyte reste fécondable durant 8 à 12 heures et le meilleur moment de la fécondation est 6 à 8 heures après l’ovulation. Aussi l’insémination devrait idéalement être réalisée 24 à 6 heures avant l’ovulation.
Moment de l'insémination
La règle AM-PM (début de chaleurs le matin et insémination le soir, début de chaleurs le soir, insémination le lendemain matin) reste de mise si les conditions de détection et de manifestation sont optimales. Mais ces conditions peuvent se trouver modifiées en fonction des capacités de l’éleveur, de l’état corporel, de la production laitière, de la croissance folliculaire et de la taille de l’utérus de la vache. Une double insémination pourra être préférée à une simple notamment chez les vaches infertiles, boiteuses, au score corporel insuffisant ou en cas de stress thermique. Une insémination réalisée au moyen de sperme sexé devrait être réalisée plus tardivement.
Recommandations :
Relever les signes observés
Calculer l’intervalle par rapport à la chaleur précédente
Evaluer la présence et le degré de viscosité du mucus (voir figure) : son caractère filant (du à l’augmentation de son hydratation) est maximale en fin d’œstrus
Evaluer la consistance du follicule qui diminue en fin d’œstrus.
Mesurer par échographie le diamètre du follicule : la fertilité est optimale quand le diamètre du follicule lors de l’ovulation est en moyenne de 14 mm et compris entre 11 et 16 mm. L’écho-doppler offre de nouvelles perspectives. Il permet de mesurer le degré de vasculrisation du follicule qui augmente lors du pic de LH et diminue dans les 12 à 24 heures suivant l’ovulation.
Identifier la consistance tonique des cornes. Indirectement, cette palpation (comme celle des ovaires) induit une libération d’ocytocine qui contribue à raccourcir l’intervalle entre la fin de l’œstrus et l’ovulation.
Mesurer l’épaisseur de la paroi utérine qui doit être inférieure à 9 mm
Vérifier l’absence de corps jaune de diamètre supérieur à 10 mm
Injecter au besoin une GnRH. La GnrH injectée dans les 3 heures suivant le début de l’oestrus contribue à augmenter le pic de LH et à réduire le délai et l’absence d’ovulation. Injectée au moment de l’insémination elle induit un second pic. Ce traitement s’accompagne d’une manière générale d’une augmentation significative ou non selon les études de la fertilité. Les effets dépendent des conditions expérimentales. Ils s’observent davantage chez les animaux infertiles, en cas de stress thermique, chez les primipares ou lors d’insuffisance du score corporel. La GnRH est systématiquement injectée 56 heures après la PGF2 α lors du recours à un protocole Ovsynch, l’insémination étant réalisée 16 à 20 heures plus tard. On le sait, ce protocole a davantage d’effet sur la fécondité que sur la fertilité.
Pour en savoir plus
De Rensis, F. et al. Interval from Oestrus to Ovulation in Dairy Cows—A Key Factor for Insemination time: A Review. Vet. Sci. 2024, 11, 152. https://doi.org/10.3390/vetsci11040152.
Lopez-Gatius et al. Revisiting the Timing of Insemination at Spontaneous Estrus in Dairy Cattle. Animals 2022, 12, 3565. https://doi.org/10.3390/ani12243565.
EN : Timing of insemination